Madame Emmanuelle Cosse, Ministre du Logement et de l’Habitat durable
Monsieur Jean-Vincent Placé, Secrétaire d’État chargé de la réforme de l’État
Madame Barbara Pompili, Secrétaire d’État chargée de la Biodiversité
Saint-Etienne, le 1er avril 2016
Objet : Projet d’autoroute A45 entre St-Etienne et Lyon
Mesdames, Monsieur,
Le gouvernement auquel vous appartenez, envisage de prendre la décision de cofinancer le projet d’autoroute A45 au cours de ce mois d’avril.
Quelques élus et décideurs stéphanois souhaitent cette nouvelle autoroute A45 entre Saint-Étienne et Lyon. C’est un projet dépassé qui voudrait sacrifier les enjeux planétaires sur l’autel de quelques intérêts locaux, au lieu de se placer dans le mouvement des collectivités qui font du développement durable la pierre angulaire de leur action.
Aujourd’hui, le projet d’A45 est irréalisable financièrement, les compagnies autoroutières refusent de financer seules un projet obsolète et non viable. Du coup, les collectivités s’apprêtent à débourser plus de 400 millions d’Euros pour co-financer cette infrastructure. Pire, l’État serait prêt à ajouter plus de 400 Millions d’Euros pour réaliser cette autoroute dont la Déclaration d’Utilité Publique date de plusieurs années.
L’A45 n’aura pour effet que d’accumuler encore plus de voitures et de camions, aux portes de de l’agglomération lyonnaise.
L’A45 est un projet toxique et « climaticide ». Elle augmenterait encore la pollution de l’air avec son cortège de maladies respiratoires et de cancers. Cet accroissement des pollutions sonores et atmosphériques serait d’importance, tout particulièrement pour les habitants de Saint-Genis-Laval, d’Irigny, de Vourles, de Pierre-Bénite et d’Oullins dans le Rhône et de La Talaudière, l’Etrat, La Fouillouse, Sorbiers, entre autres, dans la Loire. Ce projet d’infrastructure est en opposition directe avec les objectifs de la COP21 de réduire les émissions de gaz à effet de serre. La DUP de cette infrastructure est antérieure à cette convention mondiale.
L’A45 est un projet destructeur. Plus de 500 hectares d’espaces agricoles et naturels à forte biodiversité seraient détruits. Un frein doit être mis à la consommation irresponsable d’espaces naturels et agricoles en France, où l’équivalent d’un département est « artificialisé » tous les 7 ans.
L’A45 est enfin un projet ruineux. Il serait plus avisé d’investir 100 millions d’euros dans la réhabilitation de l’A47, couplée à une amélioration du service TER qui serait une alternative bien moins coûteuse et qui rendrait de bien meilleurs services à la population.
C’est maintenant démontré par l’expérience, une autoroute entre deux villes, vide la plus petite au profit de la plus importante. Ce sont les spécialistes des transports qui le disent ! Yves Crozet, ancien directeur du Laboratoire d’Économie des Transports l’avait rappelé dans une interview donnée à l’AFP : « Les élus sont indécrottables ! Mais les autoroutes, ça déménage le territoire beaucoup plus que ça l’aménage », en accélérant le processus d’aspiration vers les pôles les plus forts. »
L’A45 accélèrera la transformation de Saint-Étienne en banlieue dortoir de Lyon.
Le projet d’A45 est nuisible. Il va amplifier l’affaiblissement économique de la ville, et le déplacement de l’activité économique stéphanoise au nord de l’agglomération vers la plaine du Forez.
Le projet d’autoroute A45 représenterait l’aboutissement de cette évolution négative. Qu’est en effet le projet d’A45, sinon un tracé autoroutier qui permet d’aller directement de la plaine du Forez à Lyon sans passer par Saint-Étienne ? L’A45 videra encore plus Saint-Étienne et laissera la ville exsangue, coincée entre une plaine du Forez dynamique et des centres de décisions qui auront tous définitivement migré à Lyon.
Le projet d’A45 est le symptôme d’une absence de vision de l’avenir, qui conduit les décideurs stéphanois à la même attitude que les généraux français s’abritant derrière la ligne Maginot en 1940. L’effondrement en est l’issue prévisible. Une autre politique est pourtant possible. L’avenir économique doit s’inscrire dans le mouvement de la lutte contre le réchauffement climatique et la transition vers un avenir soutenable. Le Conseil Local de Développement de l’agglomération stéphanoise a d’ailleurs proposé de s’appuyer sur les industries existantes, notamment dans la vallée du Gier pour créer un grand pôle des industries des énergies. St Etienne Métropole, forte de ce rapport, a lancé une opération Territoire à Energie Positive, qui malheureusement aujourd’hui se tourne vers des expériences, certes intéressantes, mais qui ne sont pas à la hauteur de l’ambition des propositions du Conseil Local de Développement : récupération d’huile usagée de friture pour chauffer la pelouse du stade Geoffroy Guichard, …
Si une nouvelle infrastructure de transports entre Lyon et Saint-Étienne est nécessaire, pourquoi ne pas imaginer une infrastructure liant voie ferrée, transports collectifs routiers et véhicules individuels, mettant les marchandises sur le rail, et, pourquoi pas, produisant tout ou partie de l’énergie nécessaire aux véhicules qui la parcourent grâce à des énergies nouvelles ? Elle devra répondre aux nouveaux défis qui sont les nôtres :
– sortir de la dépendance au pétrole et réduire fortement l’empreinte écologique des transports ;
– séparer les flux de marchandises des transports de personnes ;
– organiser l’inter-modalité entre transports inter-urbains et intra-urbains.
Déjà l’école Nationale Supérieure des Mines de St-Etienne propose d’étudier un projet d’hyper-loop.
A l’heure où le Maire de Lyon travaille au déclassement de l’autoroute urbaine A6-A7 dans Lyon pour améliorer la qualité de vie dans la métropole lyonnaise, la réalisation de l’A45 telle que projetée apporterait plus de 20 000 véhicules supplémentaires dans celle-ci. Au XXI ème siècle, cet apport de pollution atmosphérique est impensable.
Ce jour, je compte sur votre opposition ferme et argumentée au sein du gouvernement pour que de tels projets du passé, comme l’est aussi l’aéroport de Notre Dame Des Landes, ne puissent être financés par votre gouvernement.
Dans l’attente de votre action, je vous prie de croire en ma considération écologiste.
Olivier Longeon, Conseiller d’agglomération de Saint-Étienne Métropole
Je ne vois pas quel intérêt il y à prendre contact avec deux opportunistes (Placé et Pompili )et une traitre (Cosse).
C’est leur accorder beaucoup d’importance sur un dossier sur lequel ils n’auront aucun poids.
Jacques
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