« Qui aurait pu prédire […] la crise climatique aux effets spectaculaires encore cet été dans notre pays ? » a dit le Président Macron pour ses voeux.
S’agit-il pour le Président de ne pas se laisser déborder par les écologistes. Là où, Laurent Wauquiez et la droite ont choisi de dire en gros : » vous, les écologistes, aviez raison, mais, vous avez été nuls, vous avez choisi les mauvaises solutions en nous empêchant de faire du nucléaire et de l’hydrogène ».
Le Président répond aussi à ce discours réducteur de la droite qu’il se prépare à faire sien en déposant une loi pro-nucléaire. Pour lui, il serait logique qu’il défende une ligne : « le nucléaire ou la mort de la planète. »
Depuis que cette annonce a été prononcée, on peut aussi en rester à la situation telle qu’elle se présente. Et là, j’espère que je me trompe.
La crise climatique est annoncée depuis longtemps, dès le XIXème siècle et nous disons depuis au moins 1962 et le Rapport Bruntland. Pourquoi donc subitement dire « qui aurait pu prédire ? ».
J’espère que le discours du président ne se rapproche pas de ce que les films catastrophe comme « 2012 » ont voulu explorer ? Si les climatologues et les astrophysiciens ont raison, la Terre a peut être franchit les points d’où le recul n’est plus possible, des points de non-retour ? Certains imaginent une planète équivalente à Mars dans une période plus courte que la vie d’un homme. J’ose à peine l’écrire.
En tout cas, pour ceux qui aiment la climatologie et surtout pour ceux qui en font, les choses s’accélèrent et nos gouvernants ne croyaient pas à cette accélération.
Par exemple, le feu des Maures en 2021 a certes utilisé un couloir de feu connu depuis 2000 ans, mais il été 4 à 5 plus fois plus rapide pour le parcourir. Autre exemple, la canicule de 2022 a vraisemblablement fait plus de morts que celle de 2003 pour laquelle certains de nos dirigeants n’avaient rien vu venir, mais qu’ils étaient soit disant sûr de ne pas revivre parce qu’ils avaient soit disant pris des mesures. Les canicules vont toucher la population chaque année ou presque. La péninsule ibérique et la Grèce avaient déjà vu le problème, mais nos dirigeants n’y croyaient pas.
Cet été 2022, certains scientifiques ont tenté d’expliquer que les catastrophes écologiques s’aggravent très vite et très dangereusement. La population va se tourner vers les écologistes pour trouver des solutions. Mais les écologistes ne sont pas prêts à répondre seuls à cette crise, Si nous voulons changer les courbes, il faut que nous nous impliquions toutes et tous.
Un autre exemple : la solution simpliste est de dire que le Covid est sorti d’un laboratoire et c’est sans doute vrai. Mais, depuis que l’ » écologie des populations » est une science, nous savons que le virus qu’on ne retiendra pas, arrivera et qu’il en précédera d’autres.
De même, nous disons depuis des années que l’eau douce va manquer, mais c’est inimaginable pour l’auditeur qui voit par exemple le stock de glaciers de l’Antarctique. Et pourtant, les barrages comme le barrage de la Valette sont bel et bien a un niveau exceptionnellement bas. Si cela continue ainsi : comment faire pousser du blé dans le Forez ? Comment avoir des vaches dans le Pilat ? Comment avoir assez d’eau dans nos fleuves pour ne pas faire sauter les centrales nucléaires de la Loire en plein été, faute de refroidissement ? Cet été 2022, dans certains massifs, un tiers des arbres ont séché sur pied.
La télévision nous parle de 10° de plus cet hiver en Europe. Cela cache qu’à la mi novembre, à Kiruna au nord de la Suède, au delà du cercle polaire, la température était positive, il y avait donc un différentiel d’au moins 20° avec les normales.
Nos dirigeants, et Macron le premier, savaient pour le réchauffement climatique, mais ils ne prédisaient pas les conséquences.
Souvenons nous de propos comme ceux de l’institut Momentum. La courbe du réchauffement est exponentielle, mais jamais le GIEC ne choisit cette courbe comme scénario car on n’ose même pas imaginer le pire. On prend une courbe moyenne et on envisage que nos petites solutions vont permettre la courbe la plus basse.
Imaginons que Macron comprend avec d’autres que nous sommes sur la trajectoire la plus dure et que cela va chauffer. Prépare-t-il lentement mais surement la population ? Avec un peu de chance, cela ira moins vite et on pourra faire quelque chose. Et puis comment annoncer de telles choses.
J’ai toujours dit à mes camarades de Lyon qui disaient « si on ne fait rien, Lyon aura la température de Madrid » que c’était une vision trop optimiste. Lyon a déjà en partie la température de Madrid des années 90. Si on ne fait rien, Lyon aura la température de Tamanraset, c’est à dire du désert.
Il est quelque peu ridicule de se battre contre les éoliennes pour sauver le paysage des Monts du Forez et ses belles forêts, celles ci sont peut-être déjà mortes de sécheresse. Si on ne réagit pas très fortement en réduisant notre consommation d’énergie et en produisant de l’énergie décarbonée au maximum de ce qu’on peut, au mieux nous aurons une garrigue méditerranéenne.
Bref, s’il y a quelques « excès climatiques » dans les années qui viennent, cela entrainera quelques réactions violentes. Notre président pourra donc dire « je vous l’avais dit, on ne pouvait pas le prédire ».
La difficile gestion de la crise du Covid dans certains pays est peut-être un avant gout de ce qui nous attend ? Est-ce cela que le président Macron prépare dans cette petite phrase ?
Heureusement je divague, tout ceci n’est que projection sur la comète. Une nouvelle fois, notre président a pris plaisir à faire de belles phrases avec de beaux mots sans en comprendre le vrai sens. Je crois que je préférerais qu’il en soit ainsi.
Olivier Longeon
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