À l’occasion de la mobilisation nationale « Ça ne tient plus » en défense des associations ce samedi 11 octobre, un large ensemble de maires, candidat·es et élu·es locaux écologistes, notamment Stéphane Baly, Grégory Doucet, Jeanne Barseghian et Léonore Moncond’huy appelle à défendre les associations en leur donnant les moyens d’agir. « La démocratie ne se résume pas qu’aux urnes, mais aussi à la vivacité des liens associatifs existant dans la société ».
La démocratie ne se résume pas qu’aux urnes, mais aussi à la vivacité des liens associatifs existant dans la société.
Les associations sont les forces vitales de notre démocratie locale. Dans chaque quartier et chaque secteur, elles tissent des liens et créent des solidarités. Filet de sécurité pour les plus fragiles, espace d’émancipation, de création, de loisirs, de débat : les associations sont à la fois refuge et tremplin. Elles tissent des liens, raccommodent ce que la vie déchire et brodent de nouvelles solidarités.
S’attaquer aux associations ce n’est pas seulement s’attaquer à notre démocratie : c’est rompre des liens humains essentiels. Car derrière chaque subvention coupée, chaque local fermé, chaque procédure administrative complexifiée, ce sont des liens humains qui se défont, des solidarités qui disparaissent et notre vivre-ensemble qui est menacé.
Ces associations sont aujourd’hui fragilisées par un contexte budgétaire, administratif et national hostile à leurs actions : coupe de subventions, présomption de culpabilité instaurée via le contrat d’engagement républicain, injonctions à une prétendue neutralité, logique de marchandisation plutôt que de non-lucrativité, fragilisation des modes de financement… Différents rapports, issus notamment de l’Observatoire des libertés associatives, du collectif des associations citoyennes ou encore du monde associatif, le montrent : ces dernières années, le lien qui unit les associations aux autorités publiques a changé. Auparavant partenaires de l’action publique, les associations sont devenues des prestataires. De force de propositions, elles deviennent délégataires. De contre-pouvoir, elles s’autocensurent.
À Lille, par exemple, la part des appels à projet dans le financement des associations environnementales est passée de 8% en 2019 à 61% en 2023. Ces appels à projet dominants sont révélateurs de cette volonté de cadrer l’action des associations (à fortiori environnementales), de tuer l’initiative associative au profit d’un projet municipal descendant.
À Poitiers, le Préfet a tenté d’imposer une procédure de restitution de subvention suite à la programmation d’une formation à la désobéissance civile par Alternatiba dans le cadre d’un village associatif.
Dans le Rhône, le département a retiré à trois associations des subventions après l’alerte des élu·es des risques environnementaux d’un port de plaisance.
À Tourcoing, des membres de l’association La Brigade du respect, ont dû payer une amende et réaliser des travaux d’intérêt général suite à quelques pochoirs. L’objet de l’association est pourtant d’agir contre le harcèlement de rue dans l’espace public.
Dans plusieurs territoires, les plannings familiaux sont attaqués, et cela s’inscrit dans une logique plus large de réduction des droits des femmes et des minorités, ayant des conséquences directes sur la santé de personnes et leurs droits.
Les prochaines élections municipales seront donc cruciales pour le monde associatif. La vitalité du monde associatif n’est pas seulement un indicateur démocratique, elle constitue le socle même d’un projet municipal qui prend soin de ses habitantes et habitants.
Les associations incarnent une démocratie continue, indispensable à la démocratie représentative. Être élu·e, c’est écouter, rencontrer, partager et construire des solutions avec celles et ceux qui connaissent le terrain. Les associations, en première ligne pour comprendre la société et la complexité des problématiques locales, sont des partenaires essentiels des politiques publiques.
Pour retisser la confiance entre les pouvoirs publics et les associations, les villes écologistes s’engagent à prioriser les conventions pluriannuelles d’objectifs plutôt que les appels à projets, comme le recommande le CESE. Nous nous engageons également à créer un dispositif de médiation en cas de conflit avec une institution afin que le Préfet ne soit plus seul arbitre : car l’écologie, par essence, chérit les contre-pouvoirs.
Défendre les associations, c’est aussi leur donner les moyens d’agir. C’est pourquoi il est primordial de permettre aux associations non seulement de monter des projets, mais aussi de fonctionner : garantir leur autonomie, soutenir la formation et l’outillage de leurs membres, défendre le droit de réunion, ouvrir des lieux, faciliter l’accès aux salles municipales.
Garantir la liberté associative, c’est garantir la liberté d’expression et d’action collective. Les villes écologistes doivent être des refuges pour ces libertés et incarner une vision d’émancipation, de coopération et de justice sociale. Soutenir les associations, c’est soutenir notre démocratie et prendre soin du vivre-ensemble.
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